Méthodologie & philosophie

Christian Weisse propose des repères méthodologiques

Café coopé " Pouvoir/Souveraineté/Manipulation/Coopération" mars 2006

Draft 1 Proposition méthodologique / Quelques angles  philosophiques d'approche du thème

Proposition méthodologique

Il s'agirait d'une approche en 3 temps :

1.        Identifier, se souvenir, d'un certain nombre de "situation-type" vecues au sein d'interactions et au delà et ayant un rapport avec le thème

2.        Identifier  les différents angles d'approche philosophique du thème au regard de ces "situation-type"

3.        Répertorier puis sélectionner les jeux de rôle correspondants à ces différents angles d'approche - situations afin de les mettre en œuvre au niveau du café coopé (pédagogie active) (on peut en inventer de nouveaux en s'appuyant sur ce qui existe et ce qui a déjà été utilisé )

Proposition d'angles d'approche

NB. La liste suivante n'est ni exhaustive ni hiérarchisée…..les présentations sont volontairement schématiques 

1.        Approche Freudienne (Totem et Tabou / Malaise dans la Culture)

La toute puissance du nouveau né : Le nouveau né ne fait, tout au début, pas la distinction entre son monde intérieur et le monde extérieur…..C'est a partir du sevrage qu'il va prendre conscience d'un monde extérieur qui limite ses pulsions …Il commence à découvrir ce qu'est le renoncement pulsionnel….La frustration…etc…le passage du principe de plaisir au principe de réalité….(il y a beaucoup à dire la dessus mais pas maintenant…)

La nostalgie d'un monde extérieur totalement sous contrôle peut servir d'explication à l'activité artistique, la prise de stupéfiants, la magie, l'engagement religieux (inséparabilité de l'esprit et de la matière/ de soi et de l'environnement/ fusion avec le principe divin, le Dharma, Dieu..,la Raison…etc..) mais aussi à l'adhésion aux thèses totalitaires et à leur mise en oeuvre…..Le tyran qu'il soit domestique, fasciste ou coopératif  …on peut considérer qu'il est dans le délire de la toute puissance perdue qu'il tente de retrouver….

D'ou : "Faites l'amour, pas la guerre"….Plutôt éros que thanatos….

2.        Approche Hégélienne (Phénoménologie de l'esprit/ Introduction à la Lecture de Hegel A. Kojève)

Comme implication anthropologique de sa thèse sur le savoir phénoménologique : la négation (dialectique) est toujours négation déterminée et par conséquent non isolable du contenu nié  (Une des sources des approches systémiques constructivistes. .Construire son chemin en marchant…..recherche-action…TP/TS….), il y'a la fameuse thèse de la dialectique du Maître et de l'esclave qui nous intéresse plus particulièrement…

Lorsque le premier homme rencontre l'autre premier homme, le seul moyen (primaire) qu'il va trouver pour faire émerger en lui une conscience de soi  est d'engager une lutte à mort avec l'autre premier homme. S'il va plus loin que son adversaire dans le risque de sa vie, c'est lui qui sera vainqueur de ce combat … Mais, il ne va pas tuer son adversaire car, mort il ne lui servirait plus à rien au regard de l'enjeu qui a déterminé cette lutte à mort….l'émergence d'une conscience de soi….. Il  va donc le supprimer symboliquement : L'asservir

Ainsi, l'un aura une conscience de soi en tant que Maître et l'autre une conscience de soi en tant qu'esclave. La dialectique qui s'ensuit provient du fait que l'esclave qui ne se satisfait pas de sa condition d'esclave va travailler pour le maître mais va, par son travail conquérir une nouvelle puissance face à un maître qui lui, oisif , va avoir de plus en plus de mal à maintenir ses privilèges……groupons nous et demain….

Hegel a pensé à tout ça, fasciné qu'il était par la révolution française conquérante et triomphante en laquelle il voyait précisément un nouveau monde s'ouvrir (sous le glaive de Bonaparte)…..puis il y'a eu le marxisme…le rejet de l'idéalisme Hégelien…le matérialisme dialectique….la dictature du prolétariat…..Staline  Trotsky…Marie Georges Buffet…….etc….(je plaisante)

Voir également la description que fait Bourdieu .des dispositifs de pouvoir…

3.        Approches personnalistes (Fourier, Proudhon, Bakounine, Bataille, Blanchot, Deleuze, Lyotard, Vaneigem, Bourdieu, Nancy, Agamben, Robin.. TP/TS interactions…..)

Les thèses et les expériences sont nombreuses de la communauté acephale de Bataille aux happening situationnistes en passant par les Phalanstères >>http://elias.ens.fr/hss2001/logement/galerie/charlesFourier.html

Pour en arriver à la dynamique TP/TS…..

Ce qui revient néanmoins selon moi par delà la diversité de ces expériences c'est l'idée d'un collectif de singularités quelconques comparaissant en commun sans référence à une quelconque transcendance ou ideal êtres en commun sans appartenance…sans titre….sans tête….acéphale….gratuite…non pas œuvre commune mais œuvre en commun.

J.L Nancy : Pour la coopération : nécessité d'un être hors de soi en un double sens

1. Ex-poser, c'est accueillir (Levinas), l'appel de l'autre comme tout autre : Me voici (Abraham)
2. Ex-poser , c'est abandonner ce qui est propre, c'est l'abandon de l'appartenance (eigen) Anaximandre -Heidegger.

Cette double posture présuppose une division de l'être (dasein) qui renvoie à sa construction originaire comme "être avec" (mitsein)

Le "avec" ne s'oppose pas à l'être seul mais l'avec doit être reconnu comme modalité propre, exclusive de l'être là. Là signifiant l'être advenant de par l'avec……approche en commun de la finitude…

La similitude s'éprouve à la limite en tant que cette limite est commune et en tant qu'elle est séparation….-sur la frontière -

L'origine de la coopération est dans cette expérience du partage de la limite. Ainsi rassemblés, les memebres de la communauté sont dans la jointure, l'ajointement, l'accord…

La jointure, c'est la partie de cette proximité qui conserve la séparation…..Le partage, ce n'est pas le message, c'est le passage….Le passage, c'est l'appréhension en commun de la finitude et de la séparation irrévocable des être singuliers…

Cette vision interdit le fusionnel……interdit la référence à quelque idée supérieure déterminant la communauté par rapport aux autres communautés…..pas de communautarisme….;

Deleuze :

"Existe-t-il un mode pour que la masse de singularités et d'atomes que nous sommes tous puisse se présenter comme pouvoir constituant, ou, au contraire accepter le paradoxe juridique d'après lequel le pouvoir constituant ne peut être défini que par le pouvoir constitué ?"

Ce qui définit la majorité, c'est un modèle auquel il faut être conforme.

Quand une minorité se crée des modèles, c'est parce qu'elle veut devenir majoritaire sans doute est ce inévitable pour sa survie. Mais sa puissance vient de ce qu'elle a su créer et qui passera plus ou moins dans le modèle sans en dépendre."

" Une minorité n'a pas de modèle, c'est un devenir, un processus. Le devenir n'est pas de l'histoire, l'histoire désigne l'ensemble des conditions si récentes soient elles, dont on se détourne pour "devenir", c'est à dire pour créer qqchose de nouveau."

"Si l'on a pas un ensemble d'impossibilités, on aura pas cette ligne de fuite, cette sortie qui constitue la création, cette puissance du faux qui constitue la vérité."